Chaque combat est une opportunité d’apprendre. Qu’il s’agisse d’un combat local ou d’un championnat canadien, il est important de faire un retour sur chacune de ses performances afin d’en tirer le maximum et ainsi de s’assurer de progresser. Le journal de bord est un outil très précieux pour faire cette analyse. Voici comment je propose de l’utiliser.

C’est quoi, un journal de bord?

Le journal de bord est un cahier où vous notez les informations pertinentes pour faire le suivi des différents aspects de votre boxe : les objectifs que vous vous fixez avec vos entraîneurs, votre nutrition, votre préparation physique, vos entraînements de boxe, votre préparation mentale, etc. Personnellement, je l’utilise également pour prendre des notes sur mes adversaires et faire le bilan après une performance.

Faire un bilan écrit d’après-combat nous aide à identifier nos forces et faiblesses – pour ensuite déterminer comment nous les travaillerons. De plus, les informations précieuses recueillies sur chaque adversaire seront un excellent point de départ pour vous et vos entraîneurs quand vous élaborerez votre stratégie au prochain affrontement.

Comment faire un bilan?

Essentiellement, vous écrivez dans votre journal toutes vos impressions « à l’état brut », comme elles vous viennent. Ça ne devrait vous prendre que quelques minutes. Si vous n’aimez pas écrire, enregistrez-vous avec votre téléphone. L’important est de conserver l’information après un combat, alors que vos sensations et votre mémoire sont fraîches.

Écrivez dans vos mots tout ce dont vous vous rappelez par rapport à vous et à votre adversaire. Ça ne doit pas nécessairement être complexe, ni bien écrit! Voici quelques pistes :

  • les forces et les faiblesses de chacun (Est-ce qu’il était difficile à toucher? Quelles combinaisons fonctionnaient bien et moins bien pour lui? Et pour moi?)
  • la stratégie (Qu’est-ce qui a bien et moins bien fonctionné dans la stratégie de départ? Quels ajustements ai-je dû faire?)
  • le contrôle du ring, les déplacements, la distance (Avec quels coups était-ce plus facile de m’approcher? Est-ce que j’arrivais à bien couper le ring? Est-ce que j’arrivais à le garder à distance quand je voulais?)
  • le niveau d’énergie de chacun au fil du combat (Est-ce que j’ai commencé et fini les rounds en force? Est-ce que j’ai imposé mon rythme? Est-ce qu’il paraissait fatigué?)
  • l’attitude de votre adversaire et ses effets sur vous (Est-ce que son attitude m’a dérangé? Est-ce que je ressentais un bon stress? trop de stress?)
  • les consignes données par votre coin (Qu’est-ce que mes entraîneurs me disaient entre les rounds? Est-ce que j’ai mis en application leurs consignes? Sinon, pourquoi?)

 

Quand faire le bilan?

Je conseille de faire le bilan écrit le plus rapidement possible après le combat – par contre, les soins physiques (cool down, physiothérapie, glace, etc.) demeurent la priorité. Idéalement, faites-le avant même de faire le debriefingavec vos hommes de coin et de voir la vidéo du combat. Ainsi, vous ne serez pas influencé. Vous pourrez ensuite comparer vos perceptions avec la vision – extérieure – des entraîneurs et en discuter.

Exemples de bilan :

Nouchka Fontijn – Adidas Cup, France (décembre 2012)

victoire aux points

J’ai bougé constamment sans me planter devant elle pour ne pas lui donner l’occasion de s’installer pour lancer. Ça a très bien marché.

J’étais très alerte et sur mes jambes au premier round. C’était mon meilleur round. J’ai pris le lead et ça m’a permis de l’attendre ensuite et de + la contre-attaquer.

Mon jab-jab-direct en avançant a marché vraiment très bien (au 3e round surtout).

Je me déplaçais toujours vers la gauche. Je pourrais varier plus en allant parfois vers la droite et en utilisant plus souvent mon jab. Danielle disait dans le coin que, quand je l’utilisais, il marchait bien.

J’ai lancé plus en combinaisons au 1er et au 4e et, évidemment, c’est là que ça a bien marché. Je bloquais bien ses counters avec mes mains hautes après avoir fini de lancer.

Li Qian – tournoi Féliks Stamm, Pologne (avril 2014)

victoire 2-1

Elle était dure à lire. Elle a une belle droite longue qu’on ne voit pas venir. Elle n’est pas si rapide, j’étais capable de la timer, mais elle pivotait et revenait rapidement (souvent avec droite-crochet), alors je dois réagir plus rapidement après avoir lancé. Le pace est rapide. Truc infaillible pour moi : avoir mes coudes en avant. Avec ça, tout se place (mes jambes en dessous de moi et mes bras qui combinent en 1-2 sans forcer). Je l’ai touchée avec des gauches clean comme ça! L’impact de ma gauche a vraiment fait la différence dans ce combat.

Elle est bonne pour casser l’action. Je pensais être capable d’exploser à l’intérieur, mais elle collait bien son corps pour ne pas me donner d’espace pour exploser (j’ai quand même bien explosé à l’intérieur une fois, *donc possibilité de développer). Quand je la touchais avec une bonne gauche, elle venait vers mois après; elle sentait qu’elle devait rattraper et j’avais moins besoin d’aller la chercher, je pouvais la contre-attaquer.

Je pouvais leader avec ma gauche au corps (touchait bien), mais il faut mettre tout de suite un crochet de droite (+ gauche) à la tête sinon elle coupe l’action.

 

Droit devant!

Victoire ou défaite, il faut toujours faire un bilan écrit, car il y a toujours des aspects de la performance qu’on peut améliorer. Mais, lorsqu’on gagne un combat et que le tournoi se poursuit, on doit vite mettre le tout sur papier, puis passer au combat suivant : on regarde vers l’avant, on analysera plus tard! C’est après la compétition qu’on reviendra sur chaque combat avec son équipe, et c’est là que les informations notées « à chaud » vous seront utiles.

Le debriefing avec vos entraîneurs

Tenir un journal de bord vous rendra plus conscient de votre cheminement et plus autonome comme athlète au fil du temps. Mais la boxe demeure un sport d’équipe! Une fois ces informations précieuses ramassées et la compétition terminée, prenez le temps de vous asseoir avec vos entraîneurs pour leur faire part de vos impressions. N’hésitez pas à poser des questions! Ils vous orienteront grâce à leur vision extérieure et à leur expérience.

Le debriefing vous permettra, ensemble, de fixer de nouveaux objectifs à court et à moyen terme, puis de déterminer les aspects à travailler d’ici la prochaine compétition importante.

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