D’abord, sachez que le gouvernement a le droit de vérifier vos déclarations de revenus (rapports d’impôts), et il peut remonter jusqu’à 6 ans en arrière. S’il se rend compte que vous n’avez pas déclaré certaines sommes reçues, il est en droit de vous réclamer l’impôt sur ces sommes plus les intérêts, et ce, pour les 6 dernières années! Voici donc quelques informations de base qui vous éviteront de mauvaises surprises.

Les bourses

Les bourses que vous recevez en tant qu’athlète – par exemple celles de la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec, de la Fondation Nordiques, de la Fondation Sport-Études et de Groupe Investors – sont imposables, c’est-à-dire qu’elles s’ajoutent à votre revenu brut.

Le gouvernement du Québec ne perçoit pas d’impôt sur ces bourses d’études.

Au fédéral, si une bourse reçu pour le sport porte le nom de « bourse d’études », elle demeure imposable sauf pour le premier 500 $ du total de vos bourses d’études. Par contre, si vous êtes aux études à temps plein (vous recevrez alors le relevé T2202A), les bourses deviennent libres d’impôt au fédéral.

 

Les commandites

Je suis mineur et je n’ai pas d’emploi, mais je reçois de l’argent de commanditaires. Dois-je faire une déclaration de revenus?

Selon Revenu Québec, si vos dépenses reliées à la boxe (celles pour lesquelles vous avez des factures) ne dépassent pas vos revenus en commandites, vous n’avez pas besoin de faire de rapport d’impôt.

Prenons par exemple Émilie, 14 ans, qui choisit de participer à un camp d’entraînement en Irlande. Son billet d’avion lui coûte 800 $. Elle en jase avec son dentiste, qui décide de lui en commanditer la moitié. Émilie n’a pas à produire de déclaration de revenus (car elle ne fait pas de profit), mais elle doit fournir un reçu à son gentil dentiste…

Pour ce qui est des frais de compétition assumés par les parents, ils ne sont pas déductibles d’impôt.

Quel document dois-je fournir à mes commanditaires?

Majeur ou pas, vous devez émettre un reçu qui explique clairement la nature de la commandite que vous recevez et les services (ou la visibilité) fournis en échange. Pour être valide, votre reçu doit contenir :

  • le nom et l’adresse postale du commanditaire
  • le nom et l’adresse postale de l’athlète
  • le montant accordé en commandite
  • les services fournis en échange du montant d’argent
    (le détail des services et la période couverte)

Vous devez conserver (pendant 6 ans, comme pour l’impôt) les pièces justificatives de la transaction : vos dépenses reliées à la boxe (équipement, préparation physique, massothérapie, hôtel, transport, etc.) ainsi que les reçus envoyés à vos commanditaires.

 

Les commandites en biens (équipement, mets préparés, voiture, etc.) sont-elles imposables?

Non. Donc, c’est tout à votre avantage d’approcher des compagnies en leur demandant de vous fournir des biens ou des services plutôt qu’un montant d’argent. Une fois vos « besoins sportifs » comblés, rien ne vous empêche de vous faire commanditer des biens qui n’ont pas de lien avec votre sport. Vous avez besoin d’un nouveau matelas? Pourquoi ne pas approcher un manufacturier? Pensez aux choses pour lesquelles vous auriez à débourser, et approchez des entreprises qui les fournissent. Soyez imaginatifs! 😉

J’ai un surplus d’argent, hourra! Que faire avec tout (#sarcasme) cet argent?

Faire de votre carrière sportive une priorité implique aussi d’être raisonnable avec votre argent pour être prêt à toute éventualité… Les boxeurs qui ont la chance de voyager avec des équipes provinciales ou avec l’équipe nationale le savent : les opportunités de compétitionner viennent souvent à la dernière minute, ou alors elles coûtent cher… ou les deux.

Par exemple, l’année dernière, des membres de l’équipe nationale n’ont pas pu participer aux championnats continentaux qui avaient lieu au Honduras, car ils n’étaient pas en mesure de débourser à deux semaines d’avis (oui, oui!) le montant de 3 000 $ nécessaire pour le camp d’entraînement pré-compétition et les Continentaux. Quoi qu’on en pense, c’est la réalité de la boxe au Canada. Si vraiment vous voulez exceller, bien gérer votre argent sera un sacrifice que vous ferez.

L’attitude sage à adopter est donc de conserver l’argent de vos bourses, de votre crédit d’impôt et de vos commandites dans un compte à part, et de vous en servir strictement pour les dépenses reliées à la pratique de votre sport.

Ne faites pas comme Mike Tyson

En boxe olympique comme en boxe professionnelle, on compte sur les doigts d’une main les boxeurs québécois qui sont devenus millionnaires grâce à la boxe (peut-être deux mains… mais je suis sceptique). Cela dit, si on a du succès, qu’on est intelligent avec son argent et un brin économe, il y a moyen de mettre un peu d’argent de côté pendant sa carrière.

Connaissez-vous le CELI?

Non, je ne m’improvise pas conseillère financière et, non, ceci n’est pas une publicité pour Desjardins ni Banque Nationale. (D’ailleurs, si les finances personnelles vous intéressent, je vous conseille fortement Le retour du barbier riche de l’Ontarien David Chilton.) Son livre est un juste mélange de jokes de mononcle exquises et d’information pertinente pour gérer son argent.

Si votre revenu brut – commandites, bourses et salaire inclus – totalise moins de 20 000 $1, la façon la plus simple et avantageuse de placer votre argent est de le faire fructifier à l’abri de l’impôt en le déposant dans un CELI (compte d’épargne libre d’impôt… pas très original comme nom, je vous l’accorde).

Dès 18 ans, chaque personne peut cotiser à un CELI jusqu’à 5 500 $ par an. Retirer de l’argent du CELI ne coûte rien mais, attention! Que vous retiriez ou non de ce compte, le maximum que vous pouvez y déposer cette année-là demeure 5 500 $. Il est donc important de faire la différence entre ces fonds que vous espérez laisser dormir longtemps, et l’argent réservé à vos frais de compétitions pour l’année courante.

Je vous ai perdu? Retenez simplement que le CELI existe. Puis, quand vous aurez un peu d’argent à mettre de côté, discutez-en avec un conseiller financier. 🙂

 

La fiducie : une option avantageuse pour les athlètes d’équipe nationale2

La FPAA (Fiducie au profit d’un athlète amateur) peut être utile aux athlètes d’équipe nationale qui tirent des revenus de leurs performances – ce n’est pas pour les athlètes professionnels. Elle devient avantageuse pour un athlète dès qu’il commence (commencerait) à payer de l’impôt.

Essentiellement, la fiducie permet de reporter l’impôt à payer, et donc de payer moins d’impôt au bout du compte. C’est un compte spécial dans lequel les athlètes amateurs peuvent déposer tous les revenus liés à la performance et qui seraient normalement imposables : commandites, prix en argent, apparitions et allocutions, certaines bourses, etc. Tant que l’argent reste en fiducie, et jusqu’à 8 ans après la retraite sportive, il n’y a pas d’impôt à payer sur ces sommes.

Comme avec le REER, on ne paye l’impôt que lorsqu’on retire l’argent. Mais, contrairement au REER, la fiducie n’a pas de plafond d’investissement (pas de limite). De plus, elle vous permet d’accumuler vos dépenses reliées à la compétition pendant toute votre carrière; au moment du ou des retraits, vous pourrez les affecter aux montants retirés3, et ainsi réduire encore plus l’impôt dû.

 

Je suis loin d’être experte en finance et je ne tente pas de faire de vous des experts non plus… J’espère seulement que, si vous arrivez à faire quelques dollars avec la boxe, vous saurez en tirer le maximum!

Dans mon prochain article, c’est promis, je vous parle de boxe! 🙂

À lire également : La recherche de commanditaires : quoi mettre dans votre dossier de commandites?

1 Il est également probable que le CELI demeure le meilleur choix de placement même avec un revenu supérieur à 20 000 $, surtout si vous croyez qu’à la retraite votre salaire sera supérieur à votre salaire présentement.

2 Blue Bridge, dont le skieur Alexandre Bilodeau est le porte-parole, est une entreprise qui offre des services de fiducie d’athlète.

3 Le principe est le même que pour un travailleur autonome qui déduit ses dépenses reliées au travail.

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