Règlements techniques de l’AIBA*

Chaque juge évaluera indépendamment les 2 boxeurs sur la base des critères suivants :

1- Nombre de coups de qualité touchant la cible
2- Domination du combat par supériorité technique et tactique
3- Compétitivité
Les juges doivent appliquer les critères suivants 
pour marquer les rounds :
10-9 : round serré
10-8 : gagnant clair
10-7 : dominance totale

*traduction libre des sections 3.13 et 3.14

 En collaboration avec Nathalie Lacombe (officielle niveau 5, 2 étoiles) et Tony Germain (officiel niveau 5, 3 étoiles pour les ligues WSB et APB) 

 

 

 

 

Vous constatez que les critères ne sont pas détaillés… et vous trouvez sans doute que leur interprétation paraît subjective! J’ai donc demandé à 2 officiels de m’expliquer brièvement comment on leur enseigne à appliquer le système.

Y a-t-il un critère plus important que les autres?

« Le premier critère est le plus important des 3 : on va toujours favoriser le boxeur qui place une plus grande quantité de coups de qualité sur la cible, explique Tony. Quand le nombre de coups de qualité portés est le même, on doit analyser plus en profondeur. Les autres critères sont sur le même pied d’égalité. »

Quantité versus qualité : qu’est-ce qui compte le plus?

La qualité prime sur la quantité, explique Nathalie : « Un boxeur ne gagne pas automatiquement l’échange parce qu’il a envoyé plus de coups. […] l’impact aussi compte. Dans un échange où tu vois le bleu donner deux coups clairs mais qu’ensuite tu vois la tête du bleu revoler à cause d’un coup très puissant du rouge, peu importe que l’arbitre donne un compte de 8 ou pas, pour moi le gagnant de l’échange est le rouge. »

« Les boxeurs qui lancent beaucoup peuvent être des « pièges à juges » », explique Tony, en donnant comme exemple un boxeur qui lance 75 coups dans un round pour ne toucher que 4 fois la cible clairement. « Lors des réunions avant le début des combats, on se fait constamment rappeler l’importance de valoriser la qualité des coups », ajoute Tony au sujet des compétitions internationales.

Est-ce que les juges reçoivent des consignes particulières avant les tournois?

« C’est différent d’un tournoi à l’autre, selon le superviseur », raconte Nathalie. Par exemple, en réunion avant de commencer le tournoi au Costa Rica [Championnat continental junior homme en octobre 2016], on se faisait beaucoup dire de faire attention aux têtes basses, parce que c’était un tournoi junior et qu’on enlèverait les casques bientôt. On se faisait dire d’appeler les têtes qui sont vraiment dangereuses. »

Nathalie ajoute : « Au Costa Rica, personne n’a dit aux juges de privilégier qui était l’agresseur mais, plus la [première] journée avançait, plus je me rendais compte que c’est ce que les juges favorisaient. Et je parle toujours dans des cas où le combat est serré : quand le round était serré, que les deux étaient bons et avaient une belle qualité de coups, les rounds allaient à l’agresseur. »

Est-ce qu’un compte de 8 donne automatiquement un round 10-8?

Non. Un compte ne garantit pas un 10-8 à celui qui le donne mais, si les juges considèrent qu’il y a domination pendant ce round, ils peuvent accorder un 10-8, qu’il y ait eu un compte ou pas. « Ça va aussi avec la catégorie, ajoute Tony. Si un boxeur chez les -69 kg – la plus petite catégorie à porter les gants 12 oz – gagne le round et réussit en plus à ébranler son adversaire avec un seul coup, on peut juger qu’il y a domination et accorder un 10-8. À l’inverse, un boxeur chez les 91 kg qui atteint la cible à plusieurs reprises, mais dont les coups ne semblent pas déranger l’adversaire, se méritera un 10-9. »

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